Des micro-plastiques dans nos tajines!
- SalmaBK
- 9 avr. 2020
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 oct. 2020
Les marocains mangent du plastique sans s’en rendre compte..


Ces photos, prises à la sortie d’un quartier résidentiel huppé de la ville de Fès, montrent l’état de saleté avancé dans lequel se trouve ce terrain vague. Situé à la porte d’une rangée de villas de haut standing, ce terrain nu semble marquer la limite entre la fin d'un quartier riche et le début d’un autre, plus modeste. Mais ce spectacle n’est pas juste le lot des terrains limitrophes, c’est malheureusement devenu monnaie courante dans le pays.
Il est, dans notre société marocaine actuelle, largement admis qu’un terrain vague soit en fait destiné à devenir une poubelle géante.
Les habitants des maisons autour, dont les fenêtres de certaines s'ouvrent sur ce spectacle, semblent avoir réussi à s’en accommoder. Tout comme les commerces aux façades accolées.

Pourtant, il n’y a pas si longtemps, ce bout de terre devait être une prairie destinée au pâturage ou une parcelle fertile de culture. Aujourd’hui, avec l’urbanisation massive et l’expansion des villes, l’homme s’est non seulement approprié des terres fertiles pour y construire ses maisons mais il a transformé les terrains non bâtis en un capharnaüm d’immondices.
Comme vous pouvez le voir, on peine à distinguer un carré vert parmi les amoncellements de détritus qui jonchent le sol. Entre ordures ménagères, emballages, bouteilles vides, plastiques principalement, et autres reliquats de l'ère contemporaine, il semble que ce terrain se soit transformé en une décharge publique.
De plus, l’été, la chaleur doit accélérer la putréfaction pour dégager une odeur de puanteur.. derrière laquelle se cachent en fait des gaz toxiques comme l’hydrogène sulfureux, le méthane ou de dioxyde de carbone.
Le pire dans l’histoire, c’est que ce terrain, tout comme bien d'autres, voit régulièrement arriver des bergers, qui y nourrissent leurs troupeaux de moutons.


Photos à l'appui, les animaux mangent l’herbe qu’ils arrivent encore à trouver, au milieu des ordures.
Sachant que les ordures sont des véritables nids à maladies : leur accumulation, c’est le développement des germes pathogènes (virus, bactéries, parasites) mais aussi la prolifération des vecteurs de maladies (rats, cafards, moustiques..).
Les moutons côtoient donc germes et autres agents pathogènes. Mais pas seulement. Un autre problème de taille est celui des plastiques et micro-plastiques dans les ordures.
En effet, les déchets plastiques sont voués à s’user pour former des micro-plastiques. C’est-à-dire des microparticules en plastique qui se déposent sur le sol et que les moutons vont avaler sans s’en rendre compte. Conséquence : si les moutons ne tombent pas malades ou meurent, les micro-plastiques se retrouveront forcément dans nos assiettes. Principe de la chaîne alimentaire oblige..
'Les particules de plastique les plus grosses peuvent être prises pour de la nourriture par les animaux et être absorbées dans leur appareil digestif où elles peuvent causer des blessures, des ulcères et des obstructions ainsi qu'un sentiment erroné de satiété qui peuvent conduire au délabrement physique et à la mort par sous-alimentation.'
'L'impact des micro-plastiques est moins bien connu. Les petits organismes subissent certainement des dommages similaires à ceux décrits ci-dessus en absorbant les microparticules à la place de leur nourriture habituelle.’ ''Le centre suisse d’écotoxicologie appliquée publiait déjà ces lignes en 2015, dans une fiche informative sur les micro-plastiques ('Impact des micro-plastiques sur les organismes', p2).
Depuis, les scientifiques se sont intéressés de plus près aux micro-plastiques..
D’après l’article publié dans youmatter.world en Mars 2018:
‘Une étude publiée dans Nature montrait que l’on trouvait des traces de micro-plastiques tout au long de la chaîne alimentaire terrestre, y compris dans les organes de certains animaux ou oiseaux. Évidemment, cela concerne aussi les animaux d’élevage que nous consommons.’
Pour comprendre ce phénomène, le site de l'ONU pour l'environnement, Avril 2018, explique:
'[..] un tiers de tous les déchets plastiques se retrouvent dans les sols ou l'eau douce. La majeure partie de ce plastique se désintègre en particules de moins de cinq millimètres, appelées micro-plastiques, qui se décomposent ensuite en nanoparticules (taille inférieure à 0,1 micromètre). Le problème est que ces particules pénètrent dans la chaîne alimentaire.'
‘Outre les déchets plastiques qui se fragmentent, les micro-plastiques peuvent également provenir d'une utilisation intentionnelle dans les cosmétiques, les détergents et produits ménagers, les peintures, les engrais ou les produits phytopharmaceutiques.’
D'après l'article suivant:

Les moutons vont donc respirer et ingurgiter nos saletés ménagères.
Ces mêmes moutons, que nous autres, fières et orgueilleux, allons de ce pas acheter pour les festivités de l’Eid el Kabîr. Ou plus simplement chez le boucher du coin, pour en faire le tajine de viande aux pruneaux du soir.
La bête mange du plastique, l’homme mange la bête. Et nous nous étonnons de voir émerger des cancers par ci et des ulcères par là.
(Vidéo à l'appui en fin d'article..)
L’homme ne se rend-il pas compte, qu’en insultant la nature et en fermant les yeux devant pareil spectacle, c'est à lui-même qu'il porte préjudice. Car il fait lui-même parti de la chaine alimentaire. C’est la nature qui l’héberge et le nourrit et non le contraire.
Bien des études ont dors et déjà alertées l'Europe et le monde sur les dangers du plastique. Ces pays, qui étaient les premiers à en fabriquer, ont tout de suite limité, voir supprimé l'utilisation du plastique dans leur quotidien. Les ménages marocains, quant à eux, semblent réticents à sortir de cette relation toxique avec le plastique. Au départ simples importateurs de cette technologie, ils refusent à présent de voir à quel point elle est nocive, au quotidien.
‘Le plastique nous expose progressivement à un risque supplémentaire pour certaines pathologies. C’est le cas notamment de la maladie d’Alzheimer ou de certains types de cancers. Il augmente aussi le stockage des graisses dans notre corps et attaque le système hormonal en réduisant le taux d’hormones sexuelles et la qualité du sperme chez les hommes. En outre, le plastique génère une augmentation de la résistance à l’insuline et nous expose quel que soit le sexe au diabète de type 2.’
Explique l’article paru en Janvier 2019 sur: 'Les dangers du plastique sur la santé et l’environnement- Des alternatives?'
En conclusion, les problèmes relevés par ces photos, reflets d'un spectacle devenu habituel, sont multiples:
- Le plus flagrant est l'étalage de déchets dans la rue, qui pointe tout de suite une mauvaise gestion des déchets au Maroc.
- Le second est, à mieux y regarder, la présence du plastique en quantités alarmantes.
- Le dernier est la présence d'animaux d'élevage que nous consommons tous les jours au centre de ce joli tableau.
Alors à qui la faute ? A la commune qui ne met pas à disposition des bennes à ordures suffisantes, voir des bennes de tri, devant chaque lotissement de maisons ? Aux citoyens qui salissent délibérément ces portions de terre et qui font, de ce fait, preuve d’un manque de civisme et d’éducation déplorable ?
Pourquoi l'usage des plastiques est-il encore autorisé ? Que font des moutons en plein milieu de la ville ?... Les interrogations sont tout aussi multiples.
Quoi qu'il en soit, des solutions existent et certaines sont simples à mettre en place..
Pour y voir un peu plus clair, mon article sur la gestion des déchets au Maroc, en particulier les déchets plastiques, ainsi que des alternatives simples à l'usage du plastique.
Pour finir, une vidéo qui invite à réfléchir, relayée par l'influenceur suisse Dean Schneider (7.1m abonnés):
Bensouda Korachi Salma
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