Fraude au pays des contrats
- SalmaBK
- 3 avr. 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 juin 2024

Nous sommes dans un café, quelque part entre l'Espagne et la France. Un air de Barcelone. Un air de Paris. Une femme seule, d’un certain âge, lunettes carrés rouges est assise sur une banquette. Elle est obnubilée par un journal qu'elle tient dans les mains et semble profondément prise par ses headlines. A côté d'elle, des enfants pleurent et s'agitent en un jeu enfantin frénétique. Une porte claque, une petite fille hurle. Elle avait oublié de retirer sa main. La femme lève son nez du journal, de manière à peine perceptible. Elle voit les parents de la petite se précipiter et s'en retourne mollement à sa lecture.
Ce café hors du temps est décoré d’objets insolites. Un drapeau vieux comme le monde, Une statuette de Johnnie Walker qui semble s’élancer pour sortir de son trépied. Des petites fioles d’absinthes retenues par des femmes anges en argile, à la silhouette longilignes et aux petits seins.
Un air andalou berce nos oreilles, à la fois triste et plein d'espoir. Près de moi, un couple, assis l'un en face de l'autre. La femme parle, parle sans arrêt, babille de sa voix fluette qui bourdonne à mes oreilles. L'homme écoute, lançant régulièrement des petits coups d'œil au dehors, comme s'il enviait les passants dans leur mouvement.
Quant à moi, sans me faire observer, j'observe. La tête digne, le dos droit. Fraude au milieu de cet univers. Sans papiers, m’imaginant une vie de romances et d’aventures depuis que ma conscience a l’âge de se souvenir de son imaginaire. Je mens. J’enjolive ma réalité quand je la juge trop amère pour être racontée telle qu’elle.
Un récit doit être captivant. Par sa joie ou par son drame. Par sa propension à faire rêver ou par sa mélancolie. Il ne doit pas être terne ou inutile. Surtout le récit de ma vie. Une vie perdue à se rêver grandiose, finalement aussi quelconque que l’on puisse l’être. Insignifiante, médiocre même. Alors je déforme la vérité, avec la plume de mon imagination, je la rends belle, mélodramatique. J’ajoute des détails frivoles par ci, gomme mes moments les moins nobles par là.
C’est si facile. Tant qu’on ne se fait pas démasquer. Alors je change beaucoup d’endroits, avant que l’on ne découvre ma supercherie. C’est ainsi que je me retrouve dans ce café, par un jour d’hiver froid toulousain. Entre France et Espagne. Il y ‘a moi qui me cherche...
Sempiternelle menteuse ou plus simplement écrivaine..
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